2023
Installation
Dimensions variables
Papier peint, carton, présentoir à carte postale, papier, acrylique
Cette installation explore des thèmes liés aux difficultés de se construire une identité lorsqu’elle ne s’aligne pas avec celle du pays de résidence, influencé par la manière dont les pays étrangers à la France sont perçus et représentés dans l’imaginaire national. Son titre se rapporte à la série d’œuvres d’Helen O’Leary, Home is a foreign country, sur laquelle je me suis appuyé pour nourrir mon propos.
L’œuvre se présente sous la forme d’un présentoir à cartes postales contenant des cartes postales vierges sur lequel les frontières géographiques de Madagascar y sont dépeintes sur 4 faces, comprenant également sa topographie. Le présentoir est enrichi par un décor qui se compose de trois motifs distincts.
Adapté à son lieu d’exposition, les papiers peints qui décorent le fond donnent un cadre relatif à l’hétérotopie foucaldienne aux motifs kitsch et aux couleurs acidulées. L’utilisation accumulatrice d’un papier peint différent du sol aux murs renforce l’idée la perte de repère et l’idée d’une réalité autre que celle du quotidien. Les thèmes sont similaires ; des oiseaux et des fleurs tropicaux censés se rapporter à un ailleurs étrange et lointain. Nous voyons de manière évidente comment les pays avec une biodiversité différente de la France comme Madagascar sont exotisés dans l’imaginaire collectif, résultant à la vision d’une biodiversité stéréotypique et homogénéisante.
Au fil de mes recherches, je me suis rendu compte qu’il n’existe que très peu de documentation non coloniale qui relate de la culture ou de l’histoire malgache. En revanche, il existe une énorme quantité de photographies de baobabs, de lémuriens, d’hibiscus… Lorsqu’il s’agit de photographies d’habitants de l’île, ils sont photographiés de telle manière à témoigner de leur éloignement avec l’Occident (pagnes, coiffures traditionnelles, tout en prenant le soin de ne pas montrer les produits issus de la marchandisation néocoloniale). Un tel point de vue ne peut pas traduire l’ensemble des us et coutumes locaux. Le territoire de Madagascar est fragmenté et modelé de sorte à convenir aux conceptions que l’Occident s’en fait. Il soulève la question du mode d’exposition et du support, et montre qu’une dimension supplémentaire peut proposer une approche plus sensible d’une carte. Par son usage détourné, le présentoir entre en dialogue avec le décor. D’une part il participe à induire un autre lieu d’exposition dans le lieu d’exposition lui-même. D’autre part et pour ma composition, ce type de présentoir revêt les mêmes idées d’exotisation que celles du papier peint, notamment à cause de la marchandisation des pays non occidentaux.