2022
Peinture sur pochoir
200cm x 55cm
Acrylique, charbon
Un morceau de tapisserie est peint à la couleur typiques de la terre que l’on peut trouver à Madagascar et qui recouvre d’un ton brique toutes les végétations, habitations, routes, rendant le paysage monochrome. Les adinkras peints dessus en pochoir sur une trame droite en quinconce qui se rapproche progressivement de haut en bas confond tous les symboles en une mêlée noire charbon sur le bas. L’application de pareils motifs est protectrice et sa concentration renforce l’idée d’un bouclier symbolique, comme si les adinkras, empreints de leur pouvoir spirituel et de leur ancrage culturel, formaient une barrière contre l’effacement et la dissolution.
Cette concentration progressive évoque également une lutte entre l’ordre et le chaos, où les motifs distincts finissent par se fondre dans une masse indistincte, pouvant être interprétée comme l’absorption ou la perte des identités sous les pressions extérieures.
Le choix de peindre ces motifs sur une tapisserie, traditionnellement associée à l’intérieur domestique et au patrimoine, m’a permis de réfléchir sur la mémoire et la transmission des récits culturels. La terre rouge de Madagascar, omniprésente et quelques fois envahissante, sert ici de toile de fond, un rappel constant des origines et du poids de l’histoire.
Dans cette œuvre, la juxtaposition entre la régularité de la trame initiale et la confusion finale des adinkras pourrait être lue comme une métaphore des trajectoires culturelles confrontées à la mondialisation, à l’assimilation ou à la dégradation. L’idée que ces symboles se dissolvent au fur et à mesure qu’ils s’accumulent questionne également la pérennité des pratiques culturelles face à l’homogénéisation contemporaine.
Ces matériaux du quotidien, chargés d’une histoire personnelle et collective, interroge les frontières entre l’intime et l’universel, le sacré et le profane, l’individuel et le collectif. Cette tapisserie devient alors un objet de résistance, un espace où les récits visuels prennent forme pour rappeler que l’art est aussi une arme de persistance contre l’effacement.