L’utilisation d’extension de cheveux synthétique pour ma réalisation est significative car les cheveux sont les seuls décombres visibles et individualisés d’une personne après sa mort. Le reste est interne (ossements) et permet difficilement de différencier une personne d’une autre. 

Les arabesques et les courbes posées dessus apportent de la souplesse et de la finesse. Une certaine préciosité est également apportée avec le coquillage posé au cœur et les bagues dorées. Ce sont deux éléments qui sont utilisés dans certains traditions pour rappeler la richesse d’un·e défunt·e et qui est enterré·e avec elle·lui. Elles rappellent aussi les racines par les mèches qui sont laissées à l’air libre. Les deux couleurs choisies représentent la couleur des cheveux de ma mère pour le brun et de mon père pour le gris.

Il s’agit de métisser ces arts avec le matériau du cheveu synthétique pour donner à voir de la finesse, et le considérer comme un réel travail de la main. Changer de cadre et rendre ces tressages plus durables dans le temps pourrait peut-être amener à un déplacement du point de vue. L’art du tressage s’inscrit dans une tradition mais aussi un véritable échange matrilinéaire. En effet c’est souvent la mère qui tresse la fille. Les tresses, locs, etc sont regroupées en une seule et grande catégorie qu’on appelle communément des coiffures de protection. 

Je cherche de cette manière à donner à voir une interprétation poétique de mon héritage culturel et sa préservation. Son titre évocateur permet de voir mon intention clairement. Il est en effet ici question de conserver le souvenir de mes deux parents pour en faire une production qui met à l’honneur ma généalogie. De ce qu’il reste et restera d’eux, j’en vois la richesse culturelle qu’ils m’ont transmis par les liens du sang, dont je suis allée me nourrir.