2023
Accessoire sculptural
72,8cm x 35cm
Fibres synthétiques, lamba, anneaux en métal doré
Bouclier-masque malgache est une sculpture à la forme ovoïde, typique de certains boucliers malgaches. Les boucliers-masques ont une histoire particulière. Plus aucun conflit n’est à déclarer officiellement depuis l’insurrection de 1947, ainsi, les objets destinés au combat dont les boucliers sont devenus désuets. Suite à cela, deux trajectoires se sont créées ; on les a soit transformé en pièce de collection, soit en masque.
Le continent africain en général entretient une relation privilégiée avec le spiritisme et notamment les défunts qui y tiennent une place sacrée. Les populations de Madagascar manifestent ce lien notamment par leurs masques, que chacun peut porter lors de cérémonies – on
pourrait présenter par exemple le « famadihana » ou retournement des morts, rite funéraire qui a lieu tous les 3, 5, 7 ou 10 ans selon les coutumes locales. Ainsi le masque érige un pont entre le monde des vivants et celui des morts.
Le bouclier est composé d’extensions de cheveux synthétiques, utilisées pour des coiffures protectrices pour les personnes aux cheveux texturés. Le caractère éphémère du tressage lui voue souvent d’être placé en marge de l’artisanat. Il semblerait plus juste de le considérer à même titre que la vannerie tant pour son degré de finesse technique que pour son caractère vernaculaire. J’avais déjà nourri cette réflexion dans un travail réalisé en 2023 intitulé Mémoire familiale. Les motifs circulaires et ovoïdes rappellent un type de tressage présent uniquement chez les merina, groupe ethnique auquel j’appartiens. Les morceaux de tissus vient d’un lamba, une étoffe de coton portée par tous les genres, soit jetée sur une épaule ou nouée au niveau de la poitrine. Egalement typique des merina, le lamba est cependant plus largement répandu sur l’île. Les accessoires, leurs tailles et leurs couleurs sont différents pour constituer une mosaïque riche dans les styles qui multiplie les personnes ; couleurs, styles.
La notion de communauté est centrale dans le folklore national et se retrouve dans tous les sous-groupes qui peuplent l’île. Cousues entre elles, ces tresses me permettent d’exprimer des valeurs unitaires qui sont chères à mes yeux et me permettent de construire en France un chemin en marge du particularisme déguisé qu’est l’universalisme français et/ou occidental.